Si autrefois le port des perruques (chapeaux) était destiné à une catégorie de femmes, celles souffrantes de manque de cheveux, aujourd’hui cela est érigé en phénomène de mode. Locales ou étrangères, les perruques moins chères et facilement utilisables, dominent le marché de la coiffure féminine au Mali. A Bamako, ce phénomène, n’est pas du goût des promoteurs de salon de coiffure, qui voient leurs chiffres d’affaire chutés et par ricochet leur sous-secteur jeté dans l’agonie.

De nos jours l’innovation s’impose dans tous les secteurs d’activité. Les consommateurs de biens et de services deviennent de plus en plus exigeants dans leur  choix. Cela, se sent depuis quelques années sur le marché de la coiffure féminine au Mali et spécifiquement à Bamako à travers l’avènement des perruques.

Une perruque, appelée parfois  ‘’postiche’’ est une coiffure de faux cheveux d’origine humaine, chevaline ou synthétique, portée sur la tête pour des raisons liées, pour des considérations esthétiques, professionnelle, culturelle,  religieuse et tout simplement pour la mode (l’apparence).

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A chacune sa perruque !

Elle est prisée par les femmes pour paraitre plus belle dans les cérémonies et grands évènements au Mali. Ayant connu une ascension spectaculaire au détriment des tresses traditionnelles et autres, les perruques aujourd’hui, apparaissent comme une menace de taille pour les salons de coiffure. Les promotrices de ces salons assistent impuissamment du jour au jour, à une baisse considérable de leur clientèle. Une étude récente sur le marché de la coiffure féminine à Bamako, concluait que 3/5 des jeunes filles et adultes avaient basculé dans le port des perruques.

A en croire à cette étude, ces dernières jugent le port de la perruque par son cout relativement faible par rapport à la tresse conventionnelle et la facilité d’utilisation.

« Des perruques, j’en ai suffisamment. Je les collectionne à gogo. Cela nous a facilités la vie. Nous pouvons nous rendre belle et paraitre remarquable à tout moment » déclare Fatoumata Touré, une utilisatrice de perruque.

Selon elle, avec les perruques, il n’y a plus besoin de perdre du temps dans les salons pour se coiffer. Car, dit-elle, une femme qui porte sur sa tête une perruque est difficilement dissociable de celle qui se fait tresser véritablement la tête. « Il arrive des fois, qu’une fois avec sa perruque, on soit plus remarquable que celle véritablement tressée »  a-t-elle lancé.

Croisée sur le chemin de la ‘’colline du savoir’’, Niamoye Maïga, une étudiante n’est pas d’avis contraire avec notre précédente interlocutrice. « Toutes les filles portent les chapeaux maintenant y comprise moi » a-t-elle déclaré avec un léger sourire.

Selon Mlle  Maïga, le temps des tresses n’est plus à la mode. Il est rarissime, dit-elle,  de voir de nos jours les femmes et jeunes filles  à l’occasion des cérémonies de baptêmes, mariages et autres évènements sociaux se faire la tête (tresser).  «  Tout le monde à ses chapeaux au secours » a-t-elle martelé les dents en l’air.

Contrairement à ces deux dames, Assitan Traoré, une commerçante au marché de Missira, met plus l’accent sur des raisons religieuses. « L’avantage du port de la perruque, est qu’on peut l’enlever pour faire ses ablutions, chose qui n’est pas possible avec les vraies coiffures» a-t-elle précisé.

La perruque, une menace pour les salons de coiffure

D’un côté l’utilisation des perruques est perçue comme un moyen d’économie, d’autre part elle constitue une véritable menace pour les salons de coiffure, ici à Bamako.

Assise devant son salon, Adiaratou Traoré, n’a pas une mine joyeuse. De première vue d’œil, son salon n’affiche plus son ambiance humaine traditionnelle.

 «  Les perruques jouent énormément sur notre métier, car une cliente qui a,  une ou deux perruques, peut faire plus d’une année sans se rendre à un salon » a-t-elle indiqué. Et d’ajouter : «  Autrefois, j’étais très sollicitée, mais maintenant, je peux faire plusieurs jours sans accueillir une cliente, sauf celles qui viennent pour les maquillages ou d’autres soins corporels».

Coiffeuse professionnelle au grand marché de Bamako, d’ailleurs bien connue pour la qualité de ses tresses, Awa Coulibaly, n’est pas en marge de ce phénomène qui frappe son métier. « Mon chiffre d’affaires a considérablement baissé » a-t-elle affirmé.

Selon elle, dans les périodes de fortes sollicitations, sa recette journalière oscillait entre 25 000FCFA et 50 000FCFA , tous les samedis. Mais, aujourd’hui, souligne, t-elle, la plus grosse recette journalière les samedis ne dépasse pas la modique somme de 5 000FCFA. «  La coiffure ne nourrit plus son homme. On n’a rien maintenant dans cette pratique à cause des perruques » déplore-t-elle.

Une autre promotrice de salon, qui faisait ses recettes dans la coiffure des nouvelles mariées dira que même  ces dernières ne se coiffent plus, elles apportent leurs perruques. « Je pouvais gagner plus de 100.000FCFA/jour, mais cela est très loin d’être le cas  présentement » a déclaré cette coiffeuse installée à l’Hippodrome.

Tant que la beauté restera dans le regard des autres les femmes maliennes n’abandonneront pas de sitôt le port de perruque, qui est devenu un phénomène de mode. 

Par Mariam SISSOKO

Le Sursaut du lundi 11 février 2019

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