Le maire de Montreuil, Patrice Bessac, vient de boucler un séjour de cinq jours au Mali. Heureux et fier d’une coopération exemplaire entre la ville de Montreuil et celle de Éliminé, il a annoncé de nouveaux projets avec comme principales priorités : formation des femmes et des jeunes, assainissement et promotion de la citoyenneté.
30minutes.net : Quel est le bilan de votre visite au Mali ?
Patrice Bessac : Cette visite intervient après ma première visite à Yélimané il y a cinq ans. C’était au début de mon mandat. Je tenais donc à en faire une à la fin de ce mandat pour voir ce qui a été fait et rencontrer les élus locaux pour penser aux nouveaux projets. La visite a été très intense à Bamako et à Yélimané. Nous avons eu beaucoup de rencontres. J’ai été extrêmement touché par l’accueil, notamment pour l’inauguration de la Maison des femmes de Yélimané qui est un lieu de formation professionnelle, où les femmes pratiquent la teinture, la savonnerie et la formation citoyenne. Pour moi, ça été un voyage incroyable du point de vu de l’accueil et du travail.
30minutes.net : Donc satisfaisant ?
P.B. : Je suis naturellement très satisfait car c’était symbolique et important pour moi d’aller à Yélimané, dans les différents villages et de montrer que malgré la zone rouge, il faut poursuivre la coopération et le travail. Il y a des nouvelles pistes de travail important car nous avons posé la première pierre de ce qui sera le déploiement des nouvelles latrines dans plus de 60 écoles de Yélimané. J’ai aussi pu constater avec satisfaction que la Maison des femmes dont j’ai pu poser la première pierre en 2014 est complète et en état de fonctionner et d’accueillir son public.
30minutes.net : Au cours de votre séjour, vous avez rencontré le président de la République, mais aussi quelques ministres dont celui de l’Emploi et la Formation professionnelle. Sur le plan de la formation, quelles sont les principaux projets pour Yelimané, surtout à l’endroit des femmes ?
P.B. : Le ministre Me Jean Claude Sidibé a insisté auprès de l’inter Collectivités Meraguemou et de nous pour agir vite. Nous avons pris la détermination du ministre comme une très bonne nouvelle. Concrètement, il y aura l’envoi des professionnels sur place pour, dès janvier ou février prochain, commencer avec les formations en direction des jeunes et des femmes de Yélimané. Le ministre au fond a saisi la balle au bond. Il a tout de suite proposé qu’il y ait de nouvelles actions de formation sur le terrain.
30minutes.net : Et sur le plan environnemental, car vous avez aussi rencontré le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, du Développement durable, Housseini A. Guindo?
P. B. : A travers la rencontre avec le ministre de l’Environnement, qui a été notre première rencontre, j’ai pu voir combien ce ministre était sensible, ouvert et mobilisé sur les questions d’environnement. Et là clairement nous nous heurtons à un problème d’organisation du service public local et du financement qui est compliqué. Mais, en tout cas j’ai senti de la part du ministre de l’Environnement une vraie écoute, un vrai appétit à ce que notre coopération s’implique dans l’assassinassent.
Aussi, les maires de Yélimané ont beaucoup insisté sur le problème d’assainissement à la fois liquide et solide. Nous avons donc créé une nouvelle coopération avec les syndicats des eaux usées d’île de France et le Siaap, de manière a financé, avec l’appui de l’Agence française de développement (AFD) la pose des latrines dans une soixantaine d’école de Yélimané. Et après cela, nous allons nous attaquer au problème de l’assainissement solide, en particulier du ramassage des ordures et de leur réduction qui est un gros sujet pour les maires des différentes communes. La coopération a du travail pour essayer de contribuer à cela.
30minutes.net : A Montreuil, nous avons une forte colonie malienne. Comment percevez-vous les Maliens vivant dans votre ville ?
P.B. : C’est un bonheur pour Montreuil d’être souvent appelé Bamako sur Seine. Car, les Maliens, depuis tellement de dizaine d’années, apportent beaucoup à Montreuil. Une vie associative, une sorte de chaleur humaine qui est propre aussi au Mali et à son peuple. Une vitalité qui fait de nous une ville dans laquelle il y a moins de rarissime et avec plus d’ouverture qui fait de nous une ville-monde. Et à Montreuil, le tièb et le Maffé sont des plats locaux. Les habitantes et les habitants de Montreuil considèrent les amis maliens comme des Montreuillois. Et la jeunesse qui est maintenant française, bien que les parents et les grands parents étaient des Maliens, nous apporte beaucoup sur le plan de la citoyenneté, de la création d’entreprise et en termes de dynamisme de la ville. Nous pouvons compter sur cette jeunesse de Montreuil.
30minutes.net : Votre mandat s’achemine vers sa fin. Vous vous représentez sous la bannière de la gauche sociale, écologiste et citoyenne. Si vous êtes élu, quel seront vos grands chantiers pour la ville de Montreuil ?
P.B. : Il y a de grands projets nécessaires à Montreuil. Les premières années de mon mandat ont été beaucoup consacrées à la réparation. Maintenant nous pouvons innover en matière d’éducation, d’assainissement solide car nous avons aussi ce projet. Je vais donc proposer à Montreuil de s’engager dans la logique Zéro déchet avec une mobilisation citoyenne des enfants et de la société civile pour changer notre regard sur les déchets et changer notre regard sur les pratiques. Évidemment, il y aura un plan de développement écologique en matière de parc, d’habitation ou le problème du prix de logement est entrain de monter à Montreuil. Nous voulons des dispositifs nouveaux pour réduire le coût de loyer et le prix d’achat des logements.
30minutes.net : Qu’elle place occupe la diaspora malienne vivant à Montreuil au sein de votre projet ?
P.B. : Pour les Maliens et les Maliennes, dont une partie habite encore nos foyers, je me suis engagé durant ce mandat pour rénover le foyer Bara, en construire de nouveaux. Je pense qu’en début de mon prochain mandat, nous serons en mesure de rénover Rochebrune, qui est aussi un grand foyer Montreuillois et poursuivre cette politique d’amélioration des conditions de vie pour les travailleurs migrants. Pour la diaspora, je sais que je pourrais compter sur leur énergie et leur force. Aussi, faut-il le savoir, à peine j’aurais atterrit à Paris, je me rendrai à l’élection de Miss Mali France dont l’évènement se tiendra dimanche à Montreuil. Nous aurons le grand plaisir d’accueillir à nouveaux un évènement communautaire de cette importance.
30minutes.net : Un message aux Maliens qui vivent l’une des plus grandes crise de leur histoire contemporaine ?
P. B. : J’ai beaucoup de respect, car dans un contexte extrêmement difficile, j’ai vu des gens qui gardent la tête haute, qui vivent et qui veulent construire leur pays. Plus que je jamais, je crois que travailler pour l’intérêt général, ne pas lâcher, ne jamais oublier qu’il faut faire vivre l’espoir. Il faut transmettre aux générations futurs un pays et une commune plus belle. C’est la responsabilité des générations présentes.
Propos recueillis par
Sory I. Konaté
(21 décembre 2019)