Ils sont géographes, agronomes, juristes, gestionnaires, financiers ; diplômés dans différents domaines tous réunis autour d’un même et seul projet : promouvoir l’assainissement dans leur quartier à travers la fabrication des pavés écologiques à partir des déchets plastiques recyclés. 

Niamana Coro est un quartier périphérique de Bamako. Dans la famille Wattara, une dizaine de jeunes sont réunis dans la cour. Le petit groupe est concentré sur un récipient posé sur le feu. La cuve contient du déchet plastique fondu. Dernières étapes. Bourama Traoré, agronome, ajoute du sable fin au produit.  A l’aide d’un bâton en bois, les autres mélangent les deux matières. La pâte obtenue est ensuite placée dans un moule. Quelques minutes passent, un pavé plastique d’environ 5 à 10 cm d’épaisseur sort. C’est le prix de plus de 30 minutes d’efforts sous une forte chaleur auprès du feu.

Satisfaits, les membres du groupe présentent fièrement leur œuvre. Ils citent néanmoins le processus de collecte, de tri et de séchage ayant précédé l’étape finale du feu. C’est sur les réseaux sociaux qu’ils ont appris ces techniques. Ils se sont inspirés de divers exemples notamment de celui des jeunes du Cameroun, un pays beaucoup plus en avance dans le processus. 

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« C’est un pavé écologique fait à partir des déchets plastiques et du sable. C’est plus endurant et moins coûteux que le pavé classique en ciment », compare-t-il, se rappelant du nombre d’échecs surmontés. C’est au troisième essai que Mamadou et ses amis sont parvenus à fabriquer le premier pavé, il y a de cela un an.  Depuis, le groupe se retrouve les week-ends pour reproduire des échantillons espérant un jour bénéficier d’un soutien.

Des pavés écologiques à la place des déchets plastiques

Avec un taux de production journalière de déchets domestiques estimé à 0, 66 kg par personne, Bamako est confronté à un problème de gestion durable de ses ordures ménagères. Un problème que compte remédier Mamadou Wattara et son groupe. Selon lui, avec l’extension de la cité ATTbougou, les dépôts de transit ont été amenés loin de la ville. N’ayant plus d’endroit où déposer les ordures, les populations déversent leurs ordures dans les caniveaux, ce qui augmente le risque d’inondations.

Premier groupe de jeunes à se lancer dans ce type de projet de recyclage, Mamadou et ses amis ont formé un Groupement d’intérêt économique (GIE) de gestion de déchets solides. Malgré la création de ce GIE, le groupe ne parvient pas à mobiliser assez de fonds nécessaire pour atteindre son objectif. 

« Nous avions demandé un partenariat avec la marie afin d’avoir un dépôt de transit de déchets. Nous avons espéré, il y a un moment, obtenir l’aide d’une ONG pour fabriquer plus de pavés écologiques. Elle avait donné son accord de principe, mais n’avons plus eu de suite à notre demande. Nous ignorons les raisons », regrette le jeune.

Une machine en gestation pour faciliter la fabrication

Dans la conception de son projet, le groupement de jeunes de Niamana Coro veut également gérer les dangers engendrés par les gaz toxiques des sachets plastiques fondus.

Ils se font aider dans cette tâche par une école de formation métallique. Cette dernière se chargera de créer une machine semi-mécanisée. L’appareil schématisé, aux dires de Mamadou Wattara, doit comporter un digesteur et une bétonnière avec un four en dessus. Un moteur de six chevaux va supporter le tout. Une invention, se convainc le géographe spécialiste en aménagement, qui va révolutionner le système actuel de production de pavé écologique. « Tous ceux qui sont dans ce secteur utilisent le même moyen traditionnel. Beaucoup l’ont abandonné parce que la fonte dégage beaucoup de fumée et il faut assez d’efforts pour peu de résultats », explique-t-il.

La machine test devra coûter au collectif 200 000 F CFA. Pour l’instant, le collectif tente de mobiliser ce fonds.

En attendant la finalisation de cette machine et le financement de leur projet, dans l’esprit des jeunes de Niamana Coro, les priorités restent les mêmes : aménager d’abord les voies principales et les places publiques de leur quartier avant de passer à l’étape de la commercialisation.

Kadiatou Mouyi Doumbia

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