Cette semaine, la campagne « 16 jours d’activisme contre ces violences« bat son plein sur les réseaux sociaux. Initiée à l’occasion du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, cette campagne a pour thème cette année : « Orangez le monde : la génération égalité s’oppose au viol’« . Occasion pour Mme Sangaré Salimatou Sangaré, psychologue, de revenir sur les défis de la prise en charge des cas de violences faites aux femmes au Mali.
Mali Tribune : Comment définissez-vous les violences ?
Mme Sangaré Salimatou Sangaré : La violence est tout acte nuisible préjudiciable et perpétré contre le gré de quelqu’un. Il y a plusieurs formes de violences. On peut citer les mariages forcés, déni de ressources, les mariages des enfants, l’enlèvement, les violences sexuelles parmi lesquels le viol, les violences physiques consistant les agressions.
Mali Tribune : Selon vous qu’est ce qui provoque ces violences ?
Mme S. S. : On peut citer les facteurs socio culturels. Par exemple avec les femmes battues, les sociétés recommandent toujours aux femmes d’obéir à son mari. Alors qu’on ne doit pas obéir dans tous les cas. Dans le couple, le mari n’est pas obligé de battre sa femme au point de la blesser. Il suffit juste de maintenir une bonne communication au sein de la relation.
Mali Tribune : Pour vous, quelles sont les violences qu’il ne faut pas tolérer ?
Mme S. S. : Le viol des enfants ne doit pas être ignoré en aucun cas. On a tendance à éviter de poursuivre certains acteurs de viol pour raison de voisinage ou de connaissance. Avec le cas des femmes battues, on ne doit pas tolérer, car c’est ce qui conduit à la mort généralement.
Mali Tribune : Comment se déroule la prise en charge des victimes ?
Mme S. S. : On rappelle aux survivantes les quatre principes du centre qui sont le respect de la personne, la confidentialité, la sécurité et la non-discrimination. La prise en charge est gratuite. C’est au cours de l’écoute que les besoins sont identifiés. On élabore un plan d’action à cet effet. L’exécution de ce plan continue jusqu’à l’établissement total du patient. Il existe des cas où les victimes sont gravement blessées physiquement et aussi psychologiquement. On commence cependant par des soins médicaux. Sans le témoignage des victimes nous ne pouvons pas les aider.
Mali Tribune : Les patients traumatisés arrivent-ils à s’exprimer ?
Mme S. S. : Les réactions des victimes diffèrent. Certaines arrivent à accepter facilement que d’autres. Ces victimes pensent que leur vie est anéantie et refusent complètement de s’exprimer. Elles s’énervent subitement. A part la force, on use de tous nos moyens pour leur pousser à relater leur histoire. Surtout avec les enfants, on a aménagé une salle de jeu pour les pousser à parler.
Mali Tribune : Vos patients sont-ils particulièrement les femmes ?
Mme S. S. : Oui. Mais, on s’occupe aussi des hommes mais c’est très rare de voir ces cas. Depuis le début de mon travail aucun homme victime n’est venu.
Propos recueillis par
Fatoumata Kané
16 jours d’activisme contre ces violences
Les femmes disent non au viol. A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 novembre, une campagne de lutte est organisée par chaque pays durant 16 jours. Le thème retenu pour cette année est ‘’Orangez le monde : la génération égalité s’oppose au viol’’. Le Mali compte lancer ses activités au mois de décembre 2019.