Le point de presse du Conseil national de la société civile (CNSC) a été une opportunité, pour des responsables de Ginna dogon et de Tabital Pulaku, de se prononcer sur le conflit intercommunautaire dans le Centre du pays. Chacun  à son niveau a décortiqué la situation et chargé l’Etat pour son manque de rigueur dans la gestion de ce conflit intercommunautaire dans la région de Mopti.

Pour le président Ginna Dogon, Mamadou Togo,suite à ce qui s’est passé, le tissu social en 5e région, au nord et au-delà, a été sérieusement entamé. « Nous devons prendre tous notre courage à deux mains, condamner tout ce qui s’est passé et nous engager à œuvrer  afin que ça ne revienne pas bien sûr avec le concours de notre Etat ».

Et de poursuivre : « Je souhaite que les propositions de solution du CNSC soient immédiatement transmises aux plus hautes autorités du pays pour qu’elles se mettent au travail. Nous sommes meurtris, nous sommes fatigués qu’on soit Peul, qu’on soit Dogon qu’on soit autre, vraiment la situation est impossible. Il faut que ça s’arrête. C’est ce qui a amené les chasseurs, qui ont été diabolisés, à déposer les armes depuis le 27 décembre 2018 et ils n’ont pas encore repris les armes. Mais du 27 septembre à aujourd’hui, les personnes tuées sont nombreuses, très nombreuses. Leurs auteurs, on ne sait pas qui ils sont, si c’est des chasseurs Dana Ambassagou, ils ont déposé les armes. Ils n’ont pas encore repris les armes et je ne pense pas qu’ils vont reprendre les armes parce qu’ils veulent la paix ; donc tous ensemble souhaitons que notre gouvernement se mette à la hauteur de ses responsabilités pour mettre fin à ce qui se passe entre Dogon et Peul, Bamanan et Peul,  Bozo et Peul….    

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Je dis ce qui est passé est passé, il faudrait maintenant faire en sorte que ce qui est passé ne revienne plus. Et pour cela hommes, femmes, toute personne qui aime son pays, tout patriote doit se ceindre la taille pour que la paix tant souhaitée revienne. Nous avons subi beaucoup d’atrocités, des tueries par-ci, des tueries par-là, de vols de bétail par-ci des accusations gratuites par-là, et tout cela par ce que notre Etat, je le dis haut et fort, n’a pas encore pris toutes ses responsabilités pour que cela cesse. Donc nous faisons appel à l’Etat du Mali, à notre Etat, à travers les instruments à sa disposition, qu’il agisse, qu’il agisse vite pour que la situation revienne comme elle l’était depuis toujours ».

En sa qualité de représentant du président de Tabital Pulaku, Me Hassane Barry, a déploré ce quise passe sur le terrain qui, selon lui, est en faveur d’une communauté au détriment d’une autre. « Le point qui nous réunit aujourd’hui est connu de tout le monde, il ne date pas de 2018, il ne date pas de 2019, il est ancien, c’est depuis 2015 que ce problème perdure. Et jusqu’ici nous n’entrevoyons pas une solution. Nous n’avons pas la solution, par ce que la solution se fait avec l’Etat, or c’est l’Etat lui-même qui est inexistant au point qu’il a sous-traité la sécurité dans le Centre.

Pour mettre ces forces en mouvement, pour les organiser, ces forces ont été reçues à Koulouba où ils disent être venues pour demander au président de la République de les autoriser à assister l’armée dans la traque contre les jihadistes et les terroristes. Mais en réalité derrière cet objectif se cache un autre dessein, un autre objectif inavoué.

Cet objectif, c’est de chasser une communauté de l’espace qu’elle occupe pour s’en accaparer. Que ce soit la zone du Seno, que ce soit dans la zone du Centre, le problème fondamental c’est un problème d’espace  vital et d’occupation de terre. C’est ce qui a fait croire aux gens en réalité qu’il ne s’agit pas de la lutte contre le terrorisme. Pour lutter contre le terrorisme a-t-on besoin, en plus de plus de 15 000 hommes, de recruter les chasseurs, de les organiser, de les armer, de les entretenir ?

Avant cette milice, Dana Ambassagou, on avait quand-même des terroristes, ce n’était pas à cette échelle-là. Mais il a suffi que cette milice entre en jeu pour qu’il y ait cette hécatombe, pour qu’il ait ce génocide. C’est un génocide qui a été perpétré et qui continue encore dans la région de Mopti.

Le gouvernement nous a fait croire qu’il est là-dessus pour régler le problème en décrétant un certain nombre de mesures. Ces mesures n’ont jamais été traduites sur le terrain. S’il y a désarmement c’est une communauté qui a été désarmée au détriment d’une autre communauté. Donc s’il faut dire la vérité, s’il faut aller vers le règlement du problème, il faut que le problème soit posé au bon endroit, pas à l’envers.

Le problème de Koulogon aujourd’hui a fait qu’aujourd’hui, le monde entier en parle et cela a même conduit à la réaction du Quai d’Orsay en France. Si le président est parti à Koulogon, c’est à cause de ça. Sinon ce n’est pas parce qu’il est ému. Il y a eu des cas plus graves que Koulogon.

On fait croire qu’on accompagne la paix et on fait autre chose.  En réalité nous mettons tout ce crime sur le dos de Dana Ambassagou et avec la complicité de l’Etat. L’Etat a accompagné, président de la République a accompagné, le Premier ministre a accompagné. Ils sont coresponsables au même titre que Dana Ambassagou. La complicité de l’Etat avec Dana Ambassagou est patente.

Maintenant si on veut régler le problème, il faut que l’Etat s’assume, qu’il désarme toutes forces illégales et illégitimes. Si l’Etat prend ses responsabilités, si les deux communautés se mettent ensemble, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas régler le problème ».

Propos recueillis par

Youssouf Coulibaly   

L’Indicateur du Renouveau du vendredi 18 janvier 2019

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