Des épouses et parents de militaires ont violement manifesté aux lendemains des attaques meurtrières du 30 septembre et 1er octobre 2019, des positions maliennes du G5 Sahel au camp de Boulkessi (à la frontière du Burkina Faso) et du poste militaire de Mondoro. Ces attaques, faut-il le rappeler, ont été particulièrement dommageables pour notre armée. Le bilan fait état à ce jour d’une trentaine de tués dans les rangs des FAmas et plusieurs dizaines de disparus dont certains ont pu regagner leur base. Des armements ont été détruits, d’autres emportés. Les forces ennemies ont à leur tour subi une quinzaine de combattants tués à la suite des combats menés par l’armée pour réoccuper son camp.

Des épouses et parents de militaires (majoritairement des bérets rouges), envoyés au front, ont organisé violemment des scènes de mécontentement à Bamako. Le camp Para de Djicoroni et celui de Kati ont été le théâtre de ces opérations de mouvements d’humeur. Des barricades avec des pneus enflammés sur des voies, des propos hostiles aux autorités, tels sont entre autres leurs agissements. Elles plaignent le sort des siens qu’elles disent sans moyens de combat. Leur geste de mettre en exergue leur rancœur est plus que jamais légitime, certes. Mais, elles oublient que la carrière de militaire est un engagement personnel et volontaire pour défendre la patrie. Nul n’est sous une obligation quelconque pour être incorporé dans l’armée.

En plus la vocation d’un militaire est de faire la guerre. Il est incorporé, nourri, équipé et payé par la République pour le métier des armes. Si quelqu’un veut l’en en empêcher fut-il son parent ou conjointe, autant lui demander aussi de rendre les armes, démissionner. Une démission dans l’armée équivaut à de la désertion. Celle-ci est réprimandée en tant que tel dans le règlement militaire.

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Ces manifestantes et manifestants oublient que le Mali revient de loin et de très loin. Nous avons déjà connu cette situation calamiteuse en 2011. Avec l’entrée de la CMA à Kidal aidée par des Djihadistes narcotrafiquants, sous la bannière d’Iyad, des militaires ont déserté la ville. A la suite de cette débâcle, d’autres camps du nord sont tombés les uns après les autres dans les mains des forces obscures.

En cette occasion, les mêmes mouvements d’épouses et parents de militaires ont laissé éclater leur colère à Bamako. Les manifestants s’en sont alors pris au président ATT jusqu’aux portes de Koulouba, accusé d’être à l’origine de la défaillance de l’armée nationale et de sa défaite. Des militaires déserteurs aidés par des frères d’arme tapis dans l’ombre ont infiltré le mouvement de soulèvement pour chasser ATT du pouvoir, à deux mois de la fin de son mandat.

Nous vivons à présent les conséquences dramatiques de ces mouvements anachroniques. Puisque depuis lors, la situation sécuritaire n’a fait qu’empirer. Et cela malgré l’aide de Barkhane, de la Minusma et aujourd’hui du G5 Sahel en plus de la formation dispensée par l’EUTM. Le pays qui était partiellement occupé est à ce jour annexé à plus des 2/3 de son territoire.

Les militaires au front ont plutôt besoin des soutiens, de réconfort et de réarmement moral dans cette guerre asymétrique. D’ailleurs les FAmas se battent bien sur le front, si l’on en croit les propos du ministre de la Défense et des Anciens combattants, général Ibrahim Dahirou Dembélé. Ce dernier a témoigné au cours de sa visite sur le camp attaqué et récupéré de Boulkessi que « les djihadistes ont été sérieusement traqués par nos militaires avec d’énormes pertes en vies dans leurs rangs ces quelques mois ».

L’heure n’est pas à s’apitoyer sur notre sort bien que triste et regrettable. Les soubresauts d’humeur se comprennent. Toutefois, bien que ces genres d’attaques soient douloureux pour tout patriote, notre pays a besoin plus que jamais de la solidarité de tous ses fils. Ce n’est pas le moment des mouvements subversifs aux conséquences incalculables et fatales pour le pays. Il ne s’agit point de supporter un homme et son régime ou encore moins le gouvernement. Le Mali est au-dessus des individus puisqu’il demeurera après les hommes.

Si par malheur le pays brûle, tous les citoyens en subiront les conséquences. Nous serons encore plus la risée du monde.

Que Dieu nous en garde.

Adama Guindo

sociologue

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