Dans une lettre ouverte, Dr Djouroukoro Diallo, enseignant-chercheur à l’Université de Berne (Suisse) demande aux Chefs d’Etat à reconsidérer l’embargo décrété par la CEDEAO contre le Mali au lendemain de la démission du Président Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août 2020. « Ne soyez pas les auteurs d’une énième injustice contre vos propres peuples, car les conséquences de cet embargo sont catastrophiques à tout point de vue pour les peuples du Mali et de toute la sous-région », dit-il. Il propose en 10 points des pistes de solutions pour aider le Mali à sortir de cette crise.

Excellences Messieurs les Chefs d’États et de gouvernements,

C’est en notre qualité de Citoyen malien et au regard de la gravité de la situation qui prévaut présentement au Mali que nous prenons la licence de nous adresser à vous.

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Permettez-nous d’abord de vous exprimer notre gratitude pour la solidarité et le soutien dont vous avez fait montre envers le Mali dans la recherche de solutions idoines pour une issue favorable à la crise multiforme que traverse notre pays depuis 2012. Cette marque de Fraternité africaine et d’Humanisme envers le Mali dans cette période trouble de son existence est infiniment réjouissante et une grande source de fierté en tant que membre de la Grande Famille de la CEDEAO.

Depuis 2012, en effet, le Mali, à l’instar de pays frères de l’espace sahélo-saharien, est victime d’une ignoble agression qui lui demande plus d’un sacrifice et menace profondément son existence. Malgré tous les efforts consentis par l’État malien, par vous-mêmes chers Présidents et vos États respectifs, ainsi que par une grande partie de la Communauté Internationale, la guerre non-conventionnelle à laquelle notre pays est confronté du fait de l’extrémisme djihadiste, exige d’énormes sacrifices tant sur le plan humain que culturel et matériel. Et elle s’est inscrite dans le temps et la durée. Depuis son accession à l’indépendance, le Mali n’avait jamais fait face à une crise aussi contraignante que multiforme sur les plans sécuritaire, économique et sanitaire dont les corollaires ont lourdement influé sur la situation socio scolaire dans l’ensemble du pays au risque d’abréger l’existence de cette vieille Nation multiséculaire riche de ses valeurs humaines, culturelles et intellectuelles que nous avons tous, Excellences, en partage. Un patrimoine que nos ancêtres nous ont fidèlement légué. C’est fort de cette richesse unique et exemplaire que nous, peuples africains de la savane, du sahel, de la forêt ou du désert, avons pu, jusqu’à nos jours, relever sans aucun complexe tous les défis rencontrés dans le cadre de l’expression de notre souveraineté, notre honneur aussi bien que notre dignité et notre contribution au concert de l’Humanité.  Faudrait-il rappeler que nos ancêtres furent les premiers à mettre la vie humaine au-dessus de tout don du Créateur Suprême comme l’atteste le serment entre tous nos peuples lors de la charte de Kurukan fuga en 1236 : « Aucune vie ne vaut mieux qu’une autre » ?

Excellences Messieurs les Chefs d’États et de gouvernements, permettez-nous de vous rappeler cette valeur ancestrale cardinale de notre société, de notre histoire et de notre culture commune : aucune vie n’est supérieure à une autre. Tâchez de vous en inspirer dans la lourde fonction si ingrate que vos Peuples, ultimes détenteurs du Pouvoir vous ont confiée. Si la vie d’un citoyen malien ne vaut pas mieux que celle d’un autre citoyen ouest africain, aucune vie n’est, par conséquent supérieure à la vie d’un Malien.

Sur ce fondement et fort de la conviction fraternelle et humaniste qui caractérisent nos sociétés, nous nous permettons de vous inviter à reconsidérer l’embargo décrété par la CEDEAO contre le Mali au lendemain de la démission du Président Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août 2020. Ne soyez pas les auteurs d’une énième injustice contre vos propres peuples, car les conséquences de cet embargo sont catastrophiques à tout point de vue pour les peuples du Mali et de toute la sous-région. Ne vous rendez pas complices de non-assistance à un peuple en danger.

Excellences, votre attention à cette humble requête sera une marque de reconnaissance et de respect de la souveraineté du Peuple malien et de son droit à l’existence dans la dignité. En accédant à cette requête, vous hisserez notre communauté de la CEDEAO à son haut niveau d’institution supranationale respectable et respectueuse de l’auto-détermination et de la souveraineté des peuples qui la composent. Le Mali agonise et court un véritable danger de mort. Votre grande sagesse ne vous laissera pas devenir des acteurs qui vont sonner son glas.

Excellences Messieurs les Chefs d’États et de gouverneurs, voici quelques propositions susceptibles de s’inscrire dans l’intérêt du Mali, de la sous-région et de l’ensemble de notre digne continent l’Afrique :  

Excellences Messieurs les Présidents, nous savons croire en cette forme d’engagement réel et sincère expression de votre sens de la responsabilité et de la Fraternité à l’égard du peuple malien.

Vive le Mali pour que vive la CEDEAO des Peuples en tant qu’Espace de Bonne Gouvernance doté des institutions fortes et comme Espace de prévention contre les dérives et les abus anti-démocratiques !

Vive un Continent africain en Paix où règne la Bonne Gouvernance et le Bonheur des peuples épris de démocratie et de réussite économique.  

Dr Djouroukoro Diallo, enseignant-chercheur à l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (ULSHB), Mali/ Université de Berne, Suisse.

Nous invitons tous les citoyens maliens et toutes les personnes soucieuses de l’avenir du Mali et du continent africain de signer cette pétition en ligne en cliquant ICI

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