Etat juif entouré de pays arabes qui contestent la légitimité de son existence, Israël est contraint d’être sur la défensive dans un Moyen-Orient où la tension ne baisse presque jamais. Les Israéliens aspirent à la paix, mais ils sont prêts aussi à la guerre pour rester sur leur « terre promise ».

Par principe, nous condamnons l’usage « disproportionné » contre des populations qui, généralement, n’ont que des pierres pour se défendre. Et nous jugeons inacceptable l’implantation de nouvelles colonies juives qui se font en violation flagrante des résolutions des Nations unies.

Nous sommes donc pour le principe de deux Etats (palestinien et israélien) qui cohabitent pacifiquement. Tout comme, malgré la provocation de Donald Trump (transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem), nous sommes pour le respect du statu quo de Jérusalem.

Une position liée à la résolution 181 de l’Assemblée générale ainsi que les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité qui en découlent. C’est pourquoi les résolutions 476 et 478 soulignent que la loi israélienne établissant « Jérusalem capitale éternelle et indivisible est nulle et non avenue et constitue une violation du droit international ».

A l’expiration du mandat britannique, le Plan de partage de la Palestine de novembre 1947 prévoyait que Jérusalem et Bethléem deviennent un Corpus Separatum sous contrôle international et indépendant des Etats arabe et juif. Cette séparation devait ainsi garantir à tous les cultes le libre accès à tous les lieux saints en sécurité.

La ville de Jérusalem est considérée comme « Trois fois sainte », car elle contient les lieux les plus sacrés des religions juive, chrétienne et islamique. Il s’agit notamment du Mur des Lamentations (judaïsme), le vestige du Temple d’Hérode  et l’Eglise du Saint-Sépulcre (christianisme) et l’Esplanade des mosquées (où est située la légendaire Mosquée Al-Aqsa), aussi appelée Mont du Temple, car c’était le site du Temple de Jérusalem.

Le Comité spécial sur la Palestine avait prévu qu’après un délai de dix ans de Corpus Separatum, le statut définitif de Jérusalem serait fixé par la population consultée par référendum. En fait, c’est l’existence d’un Etat juif dans cette région qui frustre ses voisins arabes.

Le fait de présenter la création de l’Etat d’Israël comme un « acte de vol » et sa permanence comme une « injustice de l’Histoire » sert de base à la non-reconnaissance par les Palestiniens du droit d’Israël à l’existence. Une accusation de vol qui affaiblit également la position d’Israël sur la scène internationale.

Un peuple otage de l’islam radical

Deux grands empires, l’ottoman et le britannique, ont exercé leur domination sur Eretz Yisrael (Israël). Les sionistes, par contre, étaient dépourvus d’armée. Il leur était donc impossible de fonder un Etat par la conquête.

A la place, ils ont acheté des terres. L’acquisition de la propriété dounam par dounam, ferme par ferme, maison par maison, fut au cœur de l’entreprise sioniste jusqu’en 1948. Fondé en 1901 et destiné à l’achat de terres en Palestine « pour aider à la fondation d’une nouvelle communauté de Juifs libres engagés dans un projet actif et pacifique », le Fonds national juif fut l’institution-clé, et non la Haganah, l’organisation clandestine de défense fondée en 1920.

Sans compter que les sionistes se sont également consacrés à la réhabilitation de terres improductives et considérées comme inutilisables. Comme nous le rappelait un guide lors de notre séjour, « les juifs n’ont pas seulement fait fleurir le désert, mais ils ont aussi asséché des marécages, assaini des canaux, mis en valeur des terres abandonnées, boisé des collines aride, dégagé les pierres et dessalé les sols ».

Et, aujourd’hui, il n’est pas objectif de voir la question palestinienne juste sous l’angle de la religion. Le principal problème du Moyen-Orient est lié à l’islam radical. Un drame auquel nous sommes également confrontés dans notre pays, voire dans le Sahel depuis 2010.

Israël, depuis son indépendance en 1948, a une donne essentielle pour sa survie : une haine énorme à son égard dans le Proche et Moyen-Orient. Et cette donne ne s’est pas améliorée au fil des années. Tout au contraire. Elle s’est détériorée avec la crise syrienne qui a débuté en 2011. Le pays fait face à des menaces multiformes à cause des nombreuses milices islamiques (modérés et extrémistes) près de la bande frontalière avec la Syrie.

« Il y a trois semaines, des forces pro-iraniennes ont tiré 32 missiles obligeant des populations à s’abriter pour la première fois depuis des décennies. Pour enrayer cette menace, Tsahal (pour Tsva Hagannah LeIsrael, Force de défense d’Israël) a dû intervenir pour la première fois et détruire 50 positions iraniennes en Syrie », explique un guide sur le Mont Bental.

Juifs et Arabes sont condamnés à vivre ensemble

La confrontation entre l’Arabie saoudite (sunnite) et l’Iran (chiite) dans cette région explique en partie l’échec du processus de paix, notamment entre Palestiniens et Israéliens. Et cela d’autant plus que l’intransigeance du Hamas (chiite soutenu par l’Iran) est à la base de l’échec des différents cycles de négociations.

L’Autorité palestinienne n’a pas les coudées franches pour négocier la paix à cause de la pression du Hamas. Et si l’on sait que, jusqu’à l’amendement de sa charte en 2017, le Hamas prônait donc officiellement la destruction de l’Etat d’Israël et l’instauration d’un Etat islamique palestinien sur tout le territoire de l’ancienne Palestine mandataire avant de demander « l’établissement d’un Etat palestinien entièrement souverain et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale ».

Les historiens nous rappellent aussi que, de 638 à 1917, Jérusalem fut plusieurs fois dominée par des dynasties islamiques sans qu’aucune ne la prenne pour capitale.

La paix n’est pas une utopie entre la Palestine et Israël parce que Juifs et Arabes sont condamnés à vivre ensemble. La Vieille ville de Jérusalem en est le véritable symbole. On passe du quartier juif à celui des musulmans sans aucun problème. Et les deux communautés se côtoient au quotidien sans problèmes particuliers.

D’ailleurs, depuis des siècles ce sont des familles musulmanes qui gardent la clé de l’Eglise du Saint-Sépulcre, jouant ainsi à l’arbitre entre les différents courants du christianisme. « Nous sommes chez nous à la maison et les Palestiniens sont aussi chez eux ici. Personnellement, je n’ai aucune haine contre les Palestiniens », souligne Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.

Et d’ajouter, « chacun a le droit d’y vivre et de s’épanouir. Il est donc indispensable de trouver une solution négociée pour vivre en harmonie. Notre vocation n’est pas de coloniser d’autres peuples.  Nous voulons juste vivre sur la terre de notre ancêtre Abraham qui a acheté ici une terre… »

Et l’arrêt de l’implantation de nouvelles colonies (la présence d’Israël au-delà des frontières de 1947 n’est pas légitimement défendable) serait un acte politique important pour parvenir à une solution négociée. Mais, visiblement, la paix au Proche-Orient dérange beaucoup plus de pays qu’elle n’arrange !

Moussa Bolly

Le Focus du 2 juillet 2018

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Votre commentaires s'il vous plaît
Votre Nom s'il vous plaît