Nous sommes partis encore pour un autre départ. Un retour au point de départ. On dirait 1968, 1991 ou 2012. Toujours les mêmes discours, les mêmes doléances accentuées et les mêmes réponses. Que de rêves vendus, que promesses tenues, que d’illusions. Encore une fois de plus, on fabrique des illusions et on les vend contre les fois humaines, les espoirs et les rêves.

Oui  cher grand-père, cette fois-ci aussi, on veut construire des châteaux en Espagne pour tous. On va changer de nouveau la tête mais le grand corps malade ne compte changer. Et l’on sait tous que « les pieds n’iront jamais là où la tête  ne veut pas aller » et de même cher grand-père, la tête n’ira jamais là où le corps refuse de se rendre. Le grand corps malade. Le peuple. Ce peuple maintenu dans l’ignorance, la corruption et la trahison. Ce peuple sur lequel d’autres ont appris à vivre et à  sucer le sang.

Oui ! Cher grand-père, le samedi j’ai écouté le discours d’un autre prétendu départ. Le même discours aurait été tenu en 1968, aussi en 1991 et en 2012. Des infrastructures sanitaires et scolaires. La santé, l’éducation et l’insécurité. L’autosuffisance alimentaire, le développement, les droits et les libertés. Encore les mêmes mots aux mêmes maux et les mêmes acteurs face à la même victime. Les gouvernants face aux gouvernés. Le népotisme, le favoritisme et l’injustice. La corruption et l’impunité. La même chose qui a fait chuter Moussa Traoré, Amadou Toumani et IBK. Encore et encore. La tête change rien ne change. N’est-il pas temps aussi de revoir aussi le corps. Que le Malien aussi change.

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Oui cher grand-père, 23 ans de dictature et 29 ans de démocratie aucun changement. Le Malien va toujours étudier à l’extérieur, continue d’aller se soigner ailleurs et se construit l’avenir sur d’autres continents. Souvent va mourir dans la Méditerranée.

Cher grand-père, cette 66ème lettre que voici, n’est point une lettre d’adieu mais un simple « au revoir », avec les doigts croisés. La distance sépare les yeux mais jamais les cœurs. Faites un bon voyage avec une bonne santé au bout. Je reste optimiste et attends. A nos revoirs ! Inch’Allah !

Cher grand-père ! Cela nous fait aujourd’hui 168 jours que Soumaïla Cissé est toujours entre les mains de ses ravisseurs. Une simple lettre de vie, oui c’est grand et espérant mais on veut plus. On veut notre Soumaïla parmi nous à nos côtés. Bientôt ou un autre vendredi, ce qui nous importe est de revoir notre Soumaïla Cissé. Convergeons nos forces et nos prières pour que nous revienne le chef de file de l’opposition sain et sauf. Amine ! Cher grand-père, le Mali devient de plus en plus nostalgique. Que personne ne se dise qu’une crise n’est assez grande ou ne la concerne pas. Un conflit est un feu de brousse. On voit où commence la flamme mais Dieu seul sait jusqu’où s’étendra son cendre. A nous tous très bientôt, tous unis autour d’un Mali en paix et sécurité. Amine ! A mardi ! Inch’Allah !

Lettre de Koureichy 

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