Seulement en 8 ans de règne, l’héritage de Modibo Kéita est évocateur sur le plan national et international. Mais l’héritage qu’on retient de cet homme est le patriotisme dont Modibo Keïta a fait montrer lors de son passage à la tête du pays.
Le journaliste Daouda Tékété, qui a écrit un livre sur l’homme, loue le parcours de Modibo Kéita qui, d’après lui, était sa bravoure exceptionnelle. « L’acquisition de l’indépendance de notre pays grâce à la lutte du peuple malien guidé et ses compagnons a été aboutissement d’un long processus historique », énonce M. Tekété.
Aux dires de M. Tékété, Modibo Kéita était une figure emblématique du continent africain, car il était le seul en Afrique et même dans le monde entier qui a osé envoyer en 1961 son ministre des Affaires étrangères, Baréma Bocoum, aux Nations unies pour dire qu’il n’y aurait pas de paix sur la planète aussi longtemps qu’il y aura deux Corées, deux Allemagnes et deux Vietnam.
Pour Dr. Sidi Ould Barra, chercheur à l’Université de Bamako, l’héritage le plus emblématique de Modibo Kéita après l’acquisition de l’indépendance, c’est la création de l’Armée malienne qui, par la suite, a aidé beaucoup de pays à l’accession de leur indépendance dont l’Algérie.
Dr. Barra explique que si aujourd’hui le Mali occupe une place importante dans le concert des nations, c’est grâce à Modibo Kéita et sa politique extérieure qui était très souple basée sur l’intérêt bien compris, l’amitié et les relations diplomatiques avec la plupart des pays du monde, sauf ceux qui ont été mis sur le ban des nations par l’OUA à cause de leur attitude colonialiste (Portugal, Afrique du Sud).
« Une semaine après son indépendance, le Mali a été admis à l’ONU, où il a siégé en 1966-1968 au Conseil de sécurité avec une position est proche de celle de l’Organisation de l’unité africaine dont il est membre depuis sa création. La position malienne se définit par le non-alignement, le respect mutuel de la souveraineté nationale, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le soutien aux peuples opprimés », éclaire notre chercheur.
Il ajoute que grâce à cette politique, le Mali est représenté à l’extérieur par des nombreuses ambassades, 17 représentations du Mali fonctionnaient sans compter les représentations diplomatiques auprès des organismes internationaux. Et inversement 49 pays étaient représentés à Bamako.
L’héritage de Modibo est aussi économique avec la réintégration du Mali dans la Zone franc en 1967. La Création de la Somiex, l’une des premières sociétés et entreprises de l’Etat, chargée de régulariser et orienter le marché aussi bien qu’à l’approvisionnement et à la production sur la base des prix justes.
En ce qui concerne la Banque populaire nouvellement créée, elle veillait à ce que le crédit octroyé facilite la construction et l’amélioration des conditions de vie
Selon Abdoulaye Ballo, sociologue, l’héritage de Modibo Kéita c’est aussi le socialisme dont beaucoup de nos dirigeants maliens et africains se réclament.
« Rares étaient les Etats où les dirigeants ne se proclament pas socialistes depuis 1960 jusqu’à nos jours. Car, pour Modibo Kéita et ses compagnons, le socialisme est une arme politique et idéologique qui se définit par la fermeté du refus, le refus de tout ce qui pouvait ressusciter la situation coloniale, antérieure de la dépendance traditionnelle de la métropole », souligne notre sociologue.
Ousmane Mahamane