Pour ceux qui comptent sur la mansuétude du président de la République pour qu’il interfère dans certains dossiers pendants devant la justice, qu’ils déchantent. Il a réaffirmé d’aller dans ce sens face aux Ulémas le samedi dernier, à Koulouba.

Samedi dernier, le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) et Guide spirituel d’Ançardine, Ousmane Madani Chérif Haïdara, était à la tête d’une délégation composée majoritairement de ses disciples venus de Niono. Cette délégation comprenant le président local du HCIM était venue voir IBK pour qu’il intercède en leur faveur dans le dossier d’assassinat du commissaire de police de la ville de Niono, Issiaka Tounkara au mois de septembre dernier.

Depuis ce drame, la ville de Niono est sous couvre-feu. Des milliers de personnes ont été arrêtées à ce jour pour des besoins d’enquêtes. Selon des sources judiciaires, entre 80 et 90 personnes sont dans les liens de la justice dont plus de 60 individus sont placés sous mandat de dépôts. Ils sont pour la plupart suspectées d’avoir participé de près ou de loin à l’assassinat du commissaire Tounkara et aux émeutes ayant conduit au saccage du commissaire et biens publics. Jusqu’à ce jour, des arrestations continuent et les populations qui ne dorment plus que d’un œil se sentent dans une ville assiégée. Le marché est paralysé, toutes les affaires sont au ralenti et Niono ressemble à une ville fantôme où tout le monde marche la peur au ventre d’être embastillé sur simples dénonciations.

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C’est dans cette atmosphère délétère que les autorités religieuses et coutumières ont fait appel à Ousmane Madani Chérif Haïdara pour qu’il intervienne en leur faveur auprès d’IBK pour que l’étau de la justice se desserre sur Niono. Des bus ont été remplis en direction de Bamako pour l’audience accordée au président du Haut conseil islamique du Mali et guide spirituel des Ançars.

Ce dernier, devant son hôte du jour, ne s’est pas fait prier pour exprimer la volonté des Nionois afin que ceux-ci ne soient plus inquiétés par des arrestations tous azimuts et que la normalité revienne rapidement dans la ville considérée comme le poumon agricole du Mali avec la présence de l’Office du Niger et autres grandes entreprises agricoles.

La réponse d’IBK a été sans ambages. « Il faut laisser la justice faire son travail pour qu’elle soit respectée de tous ». Sans discourir davantage et sans autre forme de procès, l’audience a pris fin.

Il y a quelques mois, IBK avait donné la même réponse avec un ton ferme au grand imam de la Grande mosquée de Bamako. A l’occasion de la fête d’Aïd El Filtr, l’imam Koké Kalé avait demandé la clémence d’IBK dans le dossier Djéné Sogodogo (cette activiste qui l’insultait dans des vidéos postées sur Facebook). Il avait affirmé sèchement de laisser la justice suivre son cours et qu’il n’entend pas s’immiscer dans de telles affaires qui le concernent ou pas.

Ce qui doit désormais tempérer les ardeurs de certains proches d’IBK trempés dans des affaires de détournements présumés d’argent. En l’occurrence, les acolytes de Bakary Togola, président de la Confédération des sociétés des producteurs de coton (C-SPC) et ci-devant président de l’Assemblée permanente des chambres d’agricultures du Mali (Apcam). Les proches de Bakary Togola mettent en avant les liens de leur mentor avec IBK et tout ce qu’il a fait dans la réélection de ce dernier à la magistrature suprême.

IBK ne peut pas tenir un tel langage visant à donner carte blanche à la justice malienne engagée dans une lutte sans merci contre les délinquants de tout acabit et pour la restauration de l’autorité de l’Etat pour ensuite plaider la cause de X ou Y.

Abdrahamane Dicko

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