Fait rarissime pour être souligné : depuis mardi soir, l’Etat a baissé les prix des hydrocarbures. Sans y être contraint, serait-on tenté de dire. Voire…
Tirant peut-être les leçons de la fronde contre la cherté du carburant en France et au Burkina, nos autorités ont dû craindre l’effet domino. Toujours est-il que le litre de l’essence, fixé maintenant à 710 F CFA, connaît une diminution de 10 F CFA au grand bonheur des consommateurs ; une tendance à la baisse qui concerne d’autres produits pétroliers. Somme toute, « gouverner, c’est prévoir ».
Cependant, dans cette « bonne » nouvelle, on devrait tirer de nouveau la leçon de l’indifférence quasi-pathologique de la société civile malienne, sourde aux cris de détresse des masses populaires, incapable d’inviter les pouvoirs publics à traduire concrètement des aspirations légitimes du peuple.
C’est vrai que la plupart des leaders d’associations de consommateurs, de droits de l’Homme, de syndicats ; des autorités traditionnelles et coutumières… semblent inféodés au système et plus préoccupés par leurs intérêts propres que par ceux de la communauté nationale et se tiennent cois, mais tout de même. Certains silences sont inadmissibles de la part de ceux qui nous ont promis d’impulser le développement à travers le contrôle citoyen et l’exigence de bonne gouvernance avant d’occuper les postes dédiés.
Les consommateurs et les citoyens au nom desquels la société civile prétend agir méritent qu’elle combatte sincèrement les maux comme la forte taxation des hydrocarbures, qui ankylose l’essor du pays. Il est temps que la société civile sorte de sa « torpeur » pour exiger la juste mesure en toutes choses et le rétablissement sans délai des valeurs qui fondent notre nation en péril.
Equidistante, la société civile pourrait, en effet, prioritairement recoudre le tissu social, participer au retour de l’ordre et de la quiétude partout et plus tard s’assurer que les richesses nationales sont bien gérées, réparties suivant l’effort de chacun.
Mais, force est de constater aujourd’hui qu’il y a loin de la coupe aux lèvres.
Majid
Le Focus du 17 décembre 2018