En conférence de presse le vendredi dernier, des membres du bureau de la C-SCPC déguisés en syndicats ont déclaré leur soutien à Bakary Togola et lancé un ultimatum de 72 heures à la justice pour libérer leur président et autres co-accusés. Des coopératives paysannes et syndicats à travers le pays se sont désolidarisés de ces « faux soutiens ».
La conférence de presse a été l’une des plus virulentes contre la justice malienne et IBK en personne. Les principaux animateurs, Mémé Diallo du syndicat des producteurs de Niéna et Bakary Dembélé de la coopérative de Kita, tous deux membres du bureau de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC), ont clairement soutenu que les 9,462 milliards de F CFA ont été dépensés dans la campagne présidentielle de 2018 au profit d’IBK. Ils ont en outre soutenu que c’est l’argent des paysans et non de l’Etat du Mali, comme pour dire que le président de la C-SCPC a le droit d’en user à sa guise. Ils oublient que le défaut de comptabilité fiable dans est contraire aux dispositions de l’Organisation pour l’harmonisation des droits des affaires en Afrique (Ohada).
D’autres propos qui enfoncent davantage Bakary Togola ont été tenus. Ils ont donné un ultimatum de 72 heures (fini hier lundi) pour la libération de leur mentor, ses co-accusés Soloba Mady Kéita, Drissa Traoré (tous deux membres du bureau) sous peine de grève ou de se rebeller pour prendre d’assaut nos frontières (sic).
24 heures après la tenue de la conférence de presse, le syndicat des exploitants agricoles de Kita (SEAK) en accord avec le collectif des cotonculteurs du cercle de Kita dit ne pas être concerné ou engagé par la menace de grève et autres. Il a invité le gouvernement à rendre justice sans crainte et aux paysans de la localité de rester tranquilles. Selon ledit syndicat, cet ultimatum vient des membres du bureau de l’Union qui sont comptables des présumés détournements et malversations dénoncés par un des leurs dans le temps, en l’occurrence Djanguiné Tounkara, décédé. Ledit avis a soutenu que celui qui a parlé en leur nom (Bakary Dembélé) ne les représente pas. En plus des 4 secteurs de Kita, les localités de Fana, Markacoungo, Niéna, Dogo, Yanfolila, Kadiolo, ont manifesté leur désapprobation des propos outranciers tenus à la conférence de presse.
Des magnats de l’engrais à la manœuvre
Selon toute vraisemblance, ces quelques membres de bureau défendent leur tête. Ils sont aidés en cela par des gros bonnets, des magnats de l’engrais et des pesticides maliens qui pactisent avec Bakary Togola pour l’attribution de gros marchés d’engrais. Ces derniers sont à la manœuvre en rétribuant même pour insulter le ministre de la Justice, Garde des Sceaux et des Droits de l’Homme, partant le gouvernement tout entier. Ces magnats de l’engrais sont impliqués dans des dossiers sulfureux de subvention d’engrais et de l’engrais frelaté. Ils sont convaincus que tôt ou tard, ils seront à leur tour épinglés par la justice.
Comment comprendre la position de revirement de Mémé Diallo, cet octogénaire qui avait été emprisonné par Bakary Togola. C’était en 2007 à l’issue du renouvellement du bureau de l’Union coopérative de Bougouni. Tahirou Bamba (paix à son âme), qui avait remporté l’échéance a été renversé sur tapis vert par Bakary Togola à la suite d’un contentieux judiciaire. M. Bamba qui n’est plus de ce monde, a organisé en tandem avec Mémé Diallo une conférence publique pour dénoncer la victoire illégale de son adversaire. Celui-ci a porté plainte contre les deux hommes en apportant comme preuve un enregistrement audio, où il s’estime diffamé et offensé. Le verdict fut défavorable à Tahirou Bamba et Mémé Diallo avec des peines d’emprisonnement ferme.
Le revirement de Mémé Diallo s’explique par le fait qu’il est aujourd’hui membre du conseil d’administration de la C-SCPC. Il a même eu droit à une Toyota double cabine flambant neuve de la part de son président. Plusieurs d’entre eux sont sous le parapluie doré de Togola, ce qui justifie leur soutien inconditionnel.
Abdrahamane Dicko