Selon Abdoulaye Kéita, assistant au département de socio-anthropologie à la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation de Bamako (FSHSE), beaucoup de Maliens préfèrent la friperie pour plusieurs raisons : son coût, son accessibilité, sa qualité, etc. Interview.
Le Focus : Que pensez-vous de la friperie au Mali ?
Abdoulaye Kéita : La friperie, comme son nom l’indique, est un tri-sélectif. Elle est devenue des vêtements qui sont consommés par toutes les couches sociales et toutes les catégories socio-professionnelles au Mali. Primo, les vêtements de la fripe sont moins chers. Ils sont abordables et accessibles à toutes les couches de la société. Les tenues industrielles coûtent chers. Du coup, les consommateurs peuvent s’en procurer pour faire plaisir aux enfants, aux femmes et à toute famille sans pour autant trop dépenser. C’est la principale raison pour laquelle nos mères achètent quotidiennement ces habits.
Au Mali, tous les enfants ont pratiquement grandi avec ces habits malgré l’achat des tissus conçus chez les tailleurs ou les industriels. Ce n’est pas parce qu’on est riche ou pauvre, mais ça fait maintenant partie du quotidien pour tous les citoyens maliens particulièrement les femmes et les enfants. La friperie donne la chance aux gens qui n’ont pas assez de moyens de bien s’habiller et de se protéger.
Ces yougou-yougou, comme on les appelle à Bamako, sont souvent des vêtements qui n’ont pas été portés avant leur emballage et envoyés vers nos pays. Beaucoup pensent que ce sont tous des habits déjà utilisés, mais tous n’ont pas été utilisés. Nonobstant, avant de les porter, il est fortement conseillé de bien les laver afin d’éviter d’éventuels cas d’infection liés à ces habits.
Le Focus : Qu’est-ce qui motivent les gens à aller vers ces yougou-yougou ?
A. K. : La majeure partie des personnes qui achètent ces produits au Mali, le font par manque de moyens. Les charges de la grande famille sont nombreuses. Aujourd’hui, les chefs de famille ont souvent de la peine à couvrir toutes les dépenses de la famille (loyer, école, les frais de condiments, etc.) Ils préfèrent donc réduire les dépenses côté habillement en investissant dans la friperie.
L’autre motif est la facilité qu’on a avec ces habits d’avoir une gamme variée de vêtement dans l’armoire et de pouvoir toujours s’habiller décemment. Exceptionnellement, les Maliens cousent du Bazin, du Wax et autres tissus. Ils le font en principe à l’occasion de la célébration des fêtes ou d’autres cérémonies comme les mariages, les baptêmes, etc. Pour beaucoup de gens, c’est aussi mieux que d’aller perdre son temps chez les tailleurs.
Le Focus : Des conseils ?
A. K. : Je demande aux gens de bien sélectionner ce qu’ils cherchent parce qu’il y a des vêtements perforés et d’autres mal conservés. Dès qu’on achète à la fripe, la première chose à faire c’est de laver proprement l’habit, le désinfecter avant de le porter. J’invite les consommateurs à bien entretenir les produits. Les consommateurs devraient continuer à les acheter et bien laver convenablement avant toute utilisation surtout les draps qui pourraient amener des maladies de la peau.
Propos recueillis par
Hamissa Konaté
Le Focus du 2 juillet 2018