Le premier vice-président de l’Union Sportive de Bougouni (USB), Ichaka Diakité, a réagi par rapport à la gestion du football malien. Le dirigeant sportif de la région de Sikasso soutient que le Comité de Normalisation, installé par la FIFA, a purement et simplement échoué. A cet effet, il demande aux plus hautes autorités du pays de trouver des moyens pour éviter le chaos final.

L’Indépendant Sport: quelle analyse faites-vous de l’état actuel du football malien ? 

Ichaka Diakité : « le football malien va de mal en pis. La perte de deux places en compétitions interclubs de la CAF et l’élimination du Mali pour la phase finale de la CAN U17 sont des signes de sa descente aux enfers. Les acteurs se regardent toujours en chiens de faïence. Aussi, l’équipe nationale junior se trouve dans une période trouble. Il  nous revient que le Mali a fait jouer certains joueurs qui avaient des problèmes administratifs. Ainsi, des plaintes sont déposées au niveau de la CAF et il y a le risque d’élimination sur tapis vert. En outre, les stades de football sont devenus des champs où les animaux se baladent, faute de compétition. Des joueurs maliens, qui manquent de revenu, ont préféré partir ailleurs et adopter d’autres nationalités. Certains d’entre eux sont en train de se clochardiser. Des entraineurs s’exilent. Les dirigeants s’appauvrissent à entretenir leurs structures alors qu’il n’y a pas de recette. Les sponsors ne veulent plus débourser des sous inutilement. Sans oublier la perte de toute subvention de la FIFA pour le développement du football à la base. C’est un vrai calvaire. Notre football continue de marcher sur la tête.    

Comment jugez-vous la gestion  de crise  par  le  CONOR ?

Le Comité de Normalisation (CONOR) de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) a échoué.  Cet organe, installé le 10  janvier par la FIFA, ne prend pas la mesure de la situation. Cette crise du football est avant tout un problème d’égos. Au-delà  de la feuille de route de la FIFA, le premier travail du CONOR devait consister à trouver les moyens pour concilier les deux principaux camps. Mais, il s’est contenté  de prendre des décisions et de les imposer aux acteurs du football. Alors qu’il faut une certaine consultation au préalable. Certes les contentieux au niveau des ligues de Bamako, Ségou et Kayes sont vidés. Mais il faut reconnaitre que, même si on va à l’élection d’un nouveau Comité Exécutif, ce serait très compliqué. Le collège électoral n’est toujours pas déterminé. Des points inscrits dans la feuille de route, comme la relecture des textes et l’audit judiciaire, ne sont pas achevés. Ces insuffisances vont pousser certainement la FIFA à proroger le mandat du CONOR, qui expire fin octobre.

Selon vous, que va-t-il arriver si le mandat du CONOR est prorogé ?

Je n’ai entendu aucun protagoniste de la crise du football se dire satisfait du travail du CONOR. Donc, au-delà du 31 octobre, le CONOR n’aura plus la confiance d’aucun acteur du football. D’ores et déjà, certains s’activent pour boycotter les compétitions nationales au cas où le mandat du CONOR serait de nouveau prorogé.  

Que préconisez-vous pour sauver le football malien du Chaos final ?

Après l’échec du CONOR, il faut que les plus hautes autorités interviennent. Quoi qu’on dise et n’en déplaise à la FIFA,  le football ne peut pas marcher en Afrique sans les Gouvernements. Je demande donc au ministre des Sports, au ministre de la jeunesse et au Premier ministre de s’impliquer davantage dans la résolution de cette crise. Trouver des moyens pour concilier les parties. Le Gouvernement malien ne doit pas laisser notre sport roi mourir ainsi. C’est un héritage de nos ainés. 

Avez-vous un dernier mot ?

J’implore les dirigeants sportifs à étouffer leur égo pour aller à la paix des braves. Il est évident, aujourd’hui, qu’on ne peut pas faire du football au Mali sans des personnalités comme Abeta Ag Seydou, Kassoum Coulibaly dit Yambox, Salaha Baby, Moussa Konaté, Mamoutou Touré dit Bavieux…

Pourquoi  ces personnes, qui, en un moment donné, ont travaillé ensemble,  ne peuvent pas se donner les mains pour mettre en place une structure consensuelle  et éviter le déluge ?

Déjà, après la finale de la Coupe du Mali, le président des supporters du Djoliba AC, Harouna Vieux Diallo, a montré l’exemple en allant féliciter le président du Stade Malien de Bamako. C’est de ce genre de geste de fairplay dont le football malien a besoin aujourd’hui et pas d’animosité. 

Interview réalisée par Sory Ibrahima COULIBALY

L’Indépendant

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